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Le projet de loi 70 et la fin des thérapies de conversion

Beaucoup de groupes de revendication et de protection des droits LGBTQ ont travaillé sans relâche à faire changer la perception autour de l’orientation sexuelle. Ces groupes sont au centre de ces réformes.

Mahault Albarracin

M.A Sexologie

Le projet de loi 70 a fait beaucoup de bruit ces derniers jours. Le projet de loi est composé de plusieurs propositions. Entre autres, ces propositions vont permettre de rendre illégales les différentes thérapies de conversion. Si des personnes pratiquent ces thérapies, elles pourraient encourir de grandes amendes.

Au canada, plus de 47 000 hommes ont vécu des thérapies de conversion, et les chiffres pour les femmes ne sont pas notés. Cette loi met donc une règle claire sur ce qui est un phénomène répandu à travers le Canada et le Québec.

Cette position rend beaucoup plus claire les tendances idéologiques du gouvernement, et cimente les protections pour les personnes LGBTQ. Cette position publique et officielle est d’autant plus importante compte tenu des différentes tendances homophobes à travers le monde. Les droits des personnes LGBTQ ne sont clairement pas acquis. Il convient donc de bien comprendre ces différents sujets.

Qu’est-ce que la thérapie de conversion?

Initialement inventée vers la fin du 19ème siècle, la thérapie de conversion a pris ses racines dans les pratiques religieuses supposées faire partir le péché des persosnne affligées par de telles pensées. À travers le temps, les pratiques sont passées de l’hypnose, à l’électrochoc, à la castration chimique allant parfois jusqu’à la lobotomie. Les pratiques les plus récentes se voulaient des thérapies d’aversion, supposées associer des stimulis ‘’homosexuels’’ à des stimulis dégoûtants, ayant pour effet de provoquer le dégoûter de l’homosexualité. Pendant longtemps, l’homosexualité fut encore retrouvée dans le DSM, livre des pathologies utilisé par les psychologues et psychiâtres autour du monde. Bien que les thérapies de conversions perdirent de la popularité après les années 70, encore beaucoup de centres donnaient des thérapies, surtout dans des régions où la religion avait beaucoup de poids. De fait, ces thérapies prennent généralement leur justification dans des moralités religieuses. Ces thérapies ne fonctionnent pas. L’orientation sexuelle n’est pas simplement quelque chose que l’on peu battre ou déconstruire chez quelqu’un à coup de prière. Mais plus que cela, ces thérapies ont causé des dommages irréparables chez les personnes qui les ont subies, allant de mariages brisés à de la solitude profonde, des problèmes de santé mentale causés par les thérapies, à des tentatives de suicide. L’homosexualité a donc pendant longtemps été considérée comme un problème spirituel, moral, légal ou psychologique. Cette perception a eu des répercussions graves pour les personnes des communautés LGBTQ, allant de la persécution institutionnelle, à des crimes haineux graves causant la mort.

Pourquoi est-ce un progrès?

Beaucoup de groupes de revendication et de protection des droits LGBTQ ont travaillé sans relâche à faire changer la perception autour de l’orientation sexuelle. Ces groupes sont au centre de ces réformes. Certains chercheurs ont participé à cet effort, tout d’abord en déconstruisant notre compréhension de la sexualité, et en démontrant les dommages reliées à ces pratiques. Cette position est donc un vrai progrès puisqu’elle prend un parti clair. L’orientation sexuelle n’est pas une pathologie, et elle ne nécessite pas d’être changée. Une provision dans la loi reconnaît même les dommages faits auparavant, et permet aux personnes qui ont souffert de ces thérapies de poursuivre les personnes qui le leur ont fait subir.

Revoir la normativité

Tout ceci nous pousse à réfléchir sur les questions de normativité. La normativité n’est pas toujours un bien en soi, et ne nécessite aucunement de faire rentrer dans une boite toute personne qui ne s’y plie pas. Nous devrions plus apprendre à nous comprendre les uns les autres, avec empathie, plutôt que d’essayer de changer nos voisins, au prix de leur bien-être.

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