Dans l’imaginaire des gens, avoir un enfant paraît simple : on fait l’amour et quelques semaines ou mois plus tard, le test de grossesse est positif. Pourtant, au Canada, environ 10 à 15% des couples ont des difficultés de fertilité. Pour eux, la sexualité peut rapidement devenir synonyme de « bébé à tout prix », ou le plaisir laisse place à un mécanisme, celui de la procréation.
L’infertilité, qu’est-ce que c’est ?
L’infertilité se définit dans le domaine de la santé comme l’incapacité à concevoir ou à mener à terme une grossesse après 12 mois de rapports sexuels sans contraception. Elle peut être féminine, masculine ou mixte. On parle d’infertilité primaire lorsqu’il n’y a jamais eu d’antécédent de grossesse et secondaire si une grossesse a été vécue, que ce soit à terme, ou non.
Quand bébé met du temps à pointer le bout de son nez
Si une grossesse se fait un peu trop attendre, de l’inquiétude et de la contrariété commencent à apparaître. La difficulté à concevoir peut donc devenir une source de stress et de frustration pour les partenaires et la perte d’intérêt pour la sexualité est alors assez fréquente quand bébé décide de se faire attendre. Alors que la sexualité devrait être synonyme de partage, de complicité et de plaisir, elle peut rapidement devenir le moyen pour obtenir une grossesse et être une source d’anxiété, poussant le désir sexuel vers le bas.
Le diagnostic d’infertilité et la procréation assistée
Quand le diagnostic d’infertilité tombe, le couple entame une démarche de traitement. On parle de procréation assistée. Dans tout ce processus, la valeur de la sexualité et sa signification sont complètement chamboulées. Le couple rentre alors dans une dynamique qui consiste à « faire l’amour sur commande » et la sexualité qui était auparavant une activité dédiée au plaisir, devient une sorte d’obligation pour répondre à un objectif : celui de concevoir bébé. Ces nouvelles règles entraînent la mise en place d’un cercle vicieux : l’attente interminable des jours d’ovulation, des rapports sexuels mécaniques pendant les jours fertiles, le stress après l’ovulation en croisant très très fort les doigts pour que les menstruations n’arrivent pas... et le sentiment d’échec. Les conséquences de ce cercle vicieux sont nombreuses pour le couple : faire l’amour n’est plus synonyme d’envie, le plaisir s’évapore petit à petit et l’angoisse et la culpabilité deviennent des émotions souvent ressenties.
Des difficultés sexuelles au sein du couple
Les techniques de procréation assistée et la programmation des rapports sexuels peuvent être la source de ces effets négatifs. On se doute bien que le sentiment d’échec et le stress ne sont pas des bons amis d’une sexualité positive et épanouissante. En plus, les traitements hormonaux peuvent entraîner entre autres, une sécheresse vaginale, une prise de poids et des changements d’humeur... Il n’est pas rare que l’on se sente moins à l’aise dans son corps et donc moins désirable. En bref, toutes ces démarches médicales peuvent affecter l’équilibre conjugal et sexuel. C’est le résultat d’un long processus marqué par des vagues ondulant entre l’espoir et le désespoir de voir enfin arriver bébé.
Comment garder l’équilibre dans ces montagnes russes ?
Les couples n’ont pas tous les mêmes difficultés. Il est important de bien être préparé au risque et à toute la difficulté du processus de procréation assisté pour que cette période soit plus facile. La communication entre les partenaires est souvent la clé. En effet, chacun gère de façon différente ses problèmes : on peut rationaliser ou être envahie par ses émotions, on veut parler alors que l’autre préfère se taire. En bref, il est conseillé de laisser la pression de l’entourage (et surtout celle qu’on se met nous-mêmes) de côté, d’encourager la discussion avec son ou sa partenaire et de dissocier la sexualité de l’envie de concevoir bébé.
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